Journaliste : Benoît Hamon vient de présenter une proposition de loi pour que le burn-out soit reconnu comme maladie professionnelle. Cela correspond aux demandes de la CFE-CGC !
Martine Keryer (*): Effectivement, la CFE-CGC a été la première organisation syndicale à parler du stress professionnel et à mettre en lumière le très lourd tribut que notre population paye à cause de la surcharge de travail et de la surcharge émotionnelle. Depuis plusieurs années, nous avons multiplié les actions et les outils pour sensibiliser les décideurs, les médias, le grand public, et bien entendu nos militants sur le terrain, qui sont les premiers confrontés au mal-être de leurs collègues. Aujourd’hui on parle de burn-out. Les cadres, même dirigeants, n’ont plus de pouvoir décisionnel et effectuent souvent un travail à l’encontre de leurs valeurs personnelles.
Journaliste : C’est donc un phénomène de société ?
Martine Keryer : Oui, notre société fait de moins en moins place à l’être humain et au collectif dans le travail.
Journaliste : Est-ce que cette proposition de loi a des chances de passer ?
Martine Keryer : On avance petit à petit… Le terme de burn-out est entré à l’Assemblée nationale grâce à la loi Rebsamen. Notre société se doit d’évoluer pour prendre en compte les dégâts sur la santé mentale des salariés.
Journaliste : Qu’apporterait la déclaration en maladie professionnelle ?
Martine Keryer : Elle apporterait trois avancées essentielles. Pour les salariés, la possibilité de dire « c’est le travail qui m’a rendu malade, ça n’est pas moi ». A partir de ce moment-là, il est possible pour la victime d’entamer le chemin de la reconstruction. Pour le collectif de travail, la reconnaissance permet d’aviser le CHSCT qui a alors la possibilité d’ouvrir une enquête sur les conditions de travail dans l’entreprise. Enfin, la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle permettrait que les pathologies qui en découlent et qui sont aujourd’hui prises en charge par l’Assurance maladie soient prises en charge par la branche AT-MP financée à 97% par les cotisations des employeurs. Cela inciterait donc les entreprises à faire de la prévention.